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La science du langage corporel appartient-elle à une période révolue?

Depuis plus de 70 ans, les spécialistes du comportement étudient et prêchent l’importance du langage corporel. En vue d’améliorer leur rendement, de nombreux cadres ont tenté d’adopter (du moins dans une certaine mesure) les pratiques préconisées en matière de posture, de gestuelle et d’expression.

Et pour cause. Bien qu’il y ait toujours un débat sur le décodage exact du langage corporel par les autres, la plupart des cadres s’entendent pour dire que le non verbal influence le regard que les gens portent sur eux ainsi que leur capacité à fidéliser et à mobiliser leur personnel.

Cependant, la philosophie et la méthodologie du leadership ont profondément changé ces dernières années. Aujourd’hui, des qualités comme la conscience de soi et l’empathie chez un cadre sont devenues au moins aussi importantes, sinon plus, que des qualités plus classiques comme la confiance en soi et l’affirmation de soi.

D’où la question suivante : les connaissances sur le langage corporel ont-elles évolué en même temps que la science du leadership? De plus en plus d’experts en la matière estiment que non.

Dans un article récent publié dans The Economist, qui a tous les airs d’une épitaphe pour la science du langage corporel, Philip Coggan, journaliste chevronné qui rédige la chronique Bartleby sur les ressources humaines et la gestion, avance que cette science comporte plus de problèmes que de solutions.

M. Coggan note que certains des conseils les plus souvent cités en matière de langage corporel sautent tellement aux yeux, qu’ils ne sont pas pris en compte par les cadres. Hocher la tête de haut en bas envoie une réponse positive et, de gauche à droite, un message négatif. Compris.

Cependant, Philip Coggan fait deux autres observations très intéressantes dans son texte.

Tout d’abord, les travailleurs sont plus que jamais encouragés à exiger des choses différentes de leurs patrons, écrit-il. Il fut un temps où les travailleurs devaient s’adapter au style de leur cadre. Aujourd’hui, les cadres apprennent à ajuster leurs comportements, et donc leur langage corporel, afin d’obtenir les meilleurs résultats de la part de chaque travailleur.

Ensuite, selon M. Coggan, le langage corporel n’est efficace que dans les interactions en personne. L’essor des modes de travail hybride et à distance n’élimine peut-être pas complètement l’importance du langage corporel (je peux vous voir froncer les sourcils sur Zoom), mais il soulève certainement suffisamment de préoccupations pour que l’on se demande si les principes scientifiques du langage corporel sont toujours pertinents.

La réponse? Oui, ils sont toujours pertinents, comme je vais le démontrer.

 

Quelques vérités incontournables sur le langage corporel qui ont résisté à l’épreuve du temps

Si nous pouvons débattre de la valeur de certains gestes ou de certaines postures ou expressions, il est indéniable que les êtres humains se font une idée sur quelqu’un dans les premières secondes de leur rencontre. Personne n’a jamais pu déterminer avec certitude l’origine de l’expression « vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression », mais plus d’un demi-siècle de science du comportement confirme sa véracité.

Il est également bien établi que les signes non verbaux revêtent une importance nettement supérieure par rapport aux facteurs verbaux lors de cette première rencontre. Sachant cela, comment peut-on utiliser le langage corporel à son avantage pour faire une bonne première impression?

D’abord, un sourire sincère, affiché au bon moment, est toujours une stratégie gagnante pour les cadres. Il en va de même pour une posture positive et ouverte. À l’inverse, croiser les bras ou s’agiter constamment rend les gens nerveux. Enfin, la poignée de main. S’il est vrai que les contacts physiques n’ont généralement pas leur place en milieu de travail, une poignée de main ferme (mais pas trop) et chaleureuse demeure l’un des meilleurs moyens de faire bonne impression.

 

Porter attention à son langage corporel, mais aussi à celui des autres

Peter Drucker, l’une des figures légendaires du conseil en gestion, a dit un jour : « La chose la plus importante en communication, c’est d’entendre ce qui n’est pas dit. » Toujours d’actualité, ce concept souligne l’importance de ne pas uniquement se concentrer sur les messages non verbaux que l’on envoie aux personnes que l’on dirige; il faut aussi observer et savoir interpréter le langage corporel de ces personnes.

Pour être en mesure d’adapter son message et son ton, il est essentiel de faire preuve d’écoute, une compétence de leadership moderne, et de porter attention à la réaction des gens à ce que vous dites et à la manière dont vous le dites.

Envoyer des messages non verbaux cohérents

Albert Mehrabian, professeur de psychologie à l’Université de Californie à Los Angeles et l’un des pionniers de la recherche sur le langage corporel, a formulé la règle des 7-38-55, une analyse numérique de la communication verbale et non verbale, encore citée par de nombreux scientifiques aujourd’hui.

En résumé, la règle d’Albert Mehrabian veut que lorsque quelqu’un essaie de communiquer une émotion, 7 % du message voulu soit transmis par les mots, 38 %, par le ton de la voix et 55 %, par l’expression du visage et d’autres signes non verbaux. Cependant, de nombreuses personnes qui citent cette règle oublient que pour qu’elle soit pertinente, il faut que les trois éléments soient cohérents.

Par exemple, si vous dites à quelqu’un que vous n’êtes pas une menace, mais que votre ton et vos expressions faciales semblent indiquer que vous êtes à deux doigts de lui sauter au visage, votre interlocuteur sera confus, voire carrément inquiet. Les cadres commettent souvent ce type d’erreur dans leurs interactions avec les autres : ils disent aux gens « j’entends ce que vous dites », mais communiquent exactement le contraire en n’établissant pas de contact visuel ou en jetant des coups d’œil répétés à leur téléphone ou à leur écran d’ordinateur.

Éviter de suranalyser le langage corporel

Le langage corporel est important, mais les cadres ne doivent pas y consacrer toute leur énergie. Il y a bien d’autres choses sur lesquelles ils doivent travailler pour être efficaces. De nos jours, les cadres doivent montrer leur vulnérabilité en faisant part d’observations personnelles. Les meilleurs cadres sont ceux qui ont reçu un accompagnement et qui appliquent des compétences d’accompagnateurs dans leurs interactions avec les personnes qu’ils dirigent.

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